4. conclusion |
Le Projet qui a été à l'origine de ce travail n'était finalement guère modeste:
il revenait à confirmer l'hypothèse, soutenue par Greimas, de l'autosuffisance des
systèmes iconiques, en l'occurrence du dessin caricatural, quant à la signification.
Pour ce faire, nous avons choisi (nous nous sommes déjà expliqué sur la légitimité de
ce choix dans notre introduction) de dégager les mécanismes rhétoriques impliqués dans
le fonctionnement du discours caricatural. Arrivé au terme du programme que nous nous sommes proposé, il nous faut à présent réfléchir sur les conséquences de cette rencontre du rhétorique et du sémiotique car, effectivement, elle est chargée de conséquences, et pour la rhétorique et pour la sémiotique: l'heure donc est au bilan. 4.1. limites Cependant, et avant d'entreprendre cette démarche, il nous faut dès l'abord, cette cinquième articulation en est l'occasion, nous expliquer sur les épithètes qui ont déjà qualifié notre projet tout à fait au début du troisième chapitre. Autrement dit, il nous faut expliciter les difficultés et les limites qui se sont imposées à la réalisation de notre programme. Nous pouvons déjà dire qu'elles ont été de deux types. i. Sémiotique: la science de la signification, faut-il le rappeler, en est encore à ses débuts et à ses premiers balbutiements: quelques décennies dans l'âge d'une science ambitieuse en quête d'une maturité sont insignifiantes. Nous avons eu l'occasion au cours du deuxième chapitre de prendre conscience de cette réalité lorsque nous avons tenté de délimiter le message caricatural et du troisième chapitre quand nous avons essayé d'entreprendre l'analyse métaplastique et métataxique du discours caricatural. Nous entendons par là l'état actuel où en est la sémiotique visuelle quant à la connaissance, encore insuffisante, du signifiant iconique, essentiellement. ii. Rhétorique: tout le long de ce travail, nous n'avons cessé, chaque fois que l'occasion l'impose ou le permet, de signaler la profonde interpénétration du rhétorique et du linguistique; laquelle interpénétration a fortement imprégné la description des procédés rhétoriques par une nette empreinte linguistique. C'est la raison pour laquelle nous avons été obligé d'accompagner chacune des figures qui nous ont servi dans notre itinéraire d'un plus ou moins bref commentaire. Ainsi, l'on peut aisément saisir le caractère à la fois audacieux et provisoire de notre effort: une analyse rhétorique non encore débarrassée de l'empreinte linguistique de la caricature dont nous ne savons pas grand-chose ou pas suffisamment. Partant, et vu l'énormité des limites et contraintes, notre travail revêt nécessairement la forme d'une ébauche assez insuffisante d'une investigation rhétorique de la caricature. Néanmoins, cette interférence du rhétorique et du sémiotique au niveau de notre présente réflexion sur le message caricatural nous autorise, en dépit de sa forme, à tirer quelques conséquences que nous jugeons pertinentes et logiques. 4.2. résultats Parallèlement à la section 5.1, les résultats de notre travail se répartissent en deux volets. i. Rhétorique: la rhétorique est condamnée, dorénavant, à envisager le fait sémiotique dans sa globalité et à ne plus se restreindre uniquement à la description de phénomènes purement verbaux, pour la pure et simple raison que la signification, qui n'est pas l'apanage du verbal exclusivement, implique la dimension rhétorique dans sa manifestation. Cette interférence permettra forcément à la discipline aux 25 siècles d'histoire de se préoccuper non plus du particulier mais plutôt du général, et d'atteindre, ou du moins en avoir l'ambition, un statut beaucoup plus scientifique en cherchant des "universaux rhétoriques". ii. Sémiotique: dans notre analyse rhétorique de la caricature, nous nous sommes limité exclusivement au niveau iconique pour dégager les mécanismes rhétoriques qu'il met en uvre pour signifier, sans faire aucune mention de l'intervention du linguistique dans les images caricaturales qui nous ont servi de corpus à notre travail. Ainsi, nous avons pu constater que l'iconique est un espace largement rhétorisé parce qu'il signifie tout simplement: nous avons eu l'occasion de vérifier cette réalité au niveau du contenu (signifié) du message caricatural. Toutefois, et pour des raisons déjà explicitées, notre analyse n'a pas atteint le plan de l'expression iconique. Contrairement à ce que l'on serait tenté de croire, cette situation confirme notre hypothèse de travail à savoir l'autosuffisance du dessin caricatural pour transmettre des significations et, par conséquent, la nécessité de se servir du signifiant pour définir la caricature. Donc, c'est au niveau de l'expression (signifiant) que se situe, en principe, cette autosuffisance. Nous avons pu remarquer que l'analyse métasémémique du dessin caricatural ne nous a pas confronté à d'énormes difficultés contrairement à l'analyse métaplastique. Ceci confirme certainement que les significations ou les contenus sont simplement humaines et que chaque système sémiotique, y compris le langage verbal, dispose de ses propres moyens, de ses propres signifiants, pour transmettre ces significations. Quant à l'analyse métalogique, elle nous a confirmé le recours obligatoire au signifiant pour une définition de la caricature, ce qui rejoint bien entendu les résultats déjà exposés. Et encore une fois, avouer l'audace et l'ambition de ces quelques pages d'effort qui, par dessus tout, nous ont permis d'une certaine manière d'avoir une idée, ou plutôt de deviner, ce qu'est une travail de recherche. 4.3. une morale En guise de conclusion générale, nous pouvons dire que notre ambition ou notre projet s'inscrit, au-delà du rhétorique et du sémiotique, dans une perspective globale rejoignant par là un principe épistémologique qui sera la morale que nous tirons de ce mémoire: les avantages, voire même la "condamnation", à une collaboration entre différents domaines de recherche orientés vers des directions différentes. Bref, ce qu'on appelle .. l'interdisciplinarité. |
sommaire | 0. introduction | 1. image | 2. caricature | 3. rhétorique de la caricature |
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